Sirine Fattouh
A Night in Beirut

A Night in Beirut
Vidéo, 8'06''
(extrait)

2006

 

Le regard inquisiteur de Sirine Fattouh fait émerger, au sein d'une atmosphère aux accents routiniers, les questions politiques et sociales pressantes de ceux à qui on ne donne que rarement la parole.

Dans une de ses premières vidéos, A Night In Beirut, l'artiste suit  « El Tabbal », celui qui circule dans la ville pour réveiller les dormeurs pour leur repas avant l'entame de la journée de jeûne pendant le Ramadan. Cet homme en robe blanche, elle l'a entendu des années sans jamais pouvoir le voir, lors de son enfance passée à Beyrouth. Fattouh explique que cette vidéo était motivée par le fait de pouvoir mettre un visage sur cette voix qui constituait pour elle un son terrifiant et mystérieux jaillissant brutalement pendant les nuits du mois sacré du Ramadan, et provoquait l'émergence d'histoires fantastiques dans son esprit d'enfant.
La sobriété de traitement de la vidéo lui donne une réalité poignante ; éloignée de toute manipulation esthétique, elle dévoile un espace dont l'étrangeté est accentuée par l'obscurité ambiante mais aussi par le côté abscons de l'acte lui-même  dans un endroit et une époque marqués par la « modernisation ».
Les plans rapprochés révèlent le désir de l'artiste d'identifier et de montrer la figure mystérieuse de cette trajectoire circulaire hypnotique ; la personne faisant face à la caméra ressemble à un homme ordinaire, dont la familiarité avec le quartier filmé et ses habitants apportent un point de vue nostalgique. Celui-ci semble porteur d'une volonté documentaire, archivant la mémoire de rituels et d'éléments familiers sur le point de disparaître dans une ville transformée.

Mayssa Fattouh
Traduit par Michaël Verger-Laurent

... cette voix constituait pour elle un son terrifiant et mystérieux jaillissant brutalement pendant les nuits du mois sacré du Ramadan, et provoquait l'émergence d'histoires fantastiques dans son esprit d'enfant.