Moataz Nasr
Under Fire

Under Fire
12 800 allumettes sur panneaux de bois, 160 x 160 x 8 cm (chacun), vidéo 1'41''
2008

Under Fire
Détail

Under Fire
Détail

Under Fire
Image tirée de la vidéo tournée lors de la performance de l'artiste à San Giminiano en Italie

Under Fire
Image tirée de la vidéo tournée lors de la performance de l'artiste à San Giminiano en Italie

Under Fire
Détail

 

Le feu, c'est une évidence, presqu'un lieu commun, il contient en lui une puissance à double visage. D'un côté, la magie d'un feu de joie, d'un feu d'artifice, d'un feu dans la cheminée autour duquel l'on se réunit les soirs d'hiver, pour écouter des histoires, le feu de la survie et de la vie. De l'autre côté, la force destructrice qui annihile tout sur son passage et ne laisse que des cendres.
Le Dieu des Chrétiens avait prévenu Noé au lendemain du déluge : « plus d'eau désormais, la prochaine le feu ! » Après le déluge, la vie n'est pas complètement effacée. La nature peut survivre à l'eau, indépendamment des êtres humains. Mais le feu ne laisse rien. La menace de Dieu était explicite : le déluge était la dernière chance. Le dernier avertissement avant l'anéantissement total de toute vie sur terre. Ce qui se déroule au Moyen-Orient depuis quelques années et plus spécifiquement en Irak n'est pas sans nous rappeler l'épée de Damoclès qui pèse sur l'humanité depuis la nuit des temps. 

Comme si Hiroshima et Nagasaki n'avaient pas suffi, la pluie de feu et de fer, et de sang, continue à s'abattre sur des hommes et des femmes qui ont eu le malheur de naître ici plutôt que là-bas. Une absurdité, une injustice que l'artiste transforme en une géographie de fin de monde. La carte pour signifier le territoire, les allumettes pour rallumer le jeu dangereux auquel nous nous livrons, et le feu, à la fois ludique, expiatoire, et définitif. Aucune rédemption à rechercher. Seule demeure la désolation de ces allumettes courbées par le fléau, comme une forêt dévastée. Une simple allumette, la métaphore est précise, suffirait à détruire la beauté du monde. Et le pire, c'est que l'événement ne lasse pas de nous fasciner, comme des enfants qui ne comprendront jamais rien aux jeux mortels des adultes et des Dieux dont nous sommes les jouets complices.

Simon Njami

La carte pour signifier le territoire, les allumettes pour rallumer le jeu dangereux auquel nous nous livrons, et le feu, à la fois ludique, expiatoire, et définitif.