Hayv Kahraman
Culmination

Culmination
Huile sur bois, 172,7 x 91,4 cm
2010

Culmination
Détail

Culmination
détail

Culmination
détail

 

Au cœur de l’œuvre de Hayv Kahraman est la question de la féminité telle qu’elle est vécue au Moyen-Orient. De ce vécu fortement lié à l’oppression dominante qui caractérise la condition de la femme dans le contexte particulier de la guerre en Irak et qui viendra marquer l’enfance de l’artiste, son œuvre nous invite à la rencontre d’un univers intime et familier qui témoigne encore aujourd’hui d’un état de soumission.

Dans des scènes apparemment banales de la vie domestique, les personnages féminins de Hayv Kahraman apparaissent comme des figures gracieuses et élégantes. L’expression mélancolique de leurs grands yeux et leur port de tête fragile et allongé n’est pas sans rappeler l’archétype du cygne. Dans une palette volontairement limitée, l’artiste emploie la technique de la peinture à l’huile qu’elle dépose en aplats. Laissant apparaître la matérialité du support comme partie intégrante de l’œuvre, le bois modèle la présence délicate de ses personnages qui semblent se confondre avec la surface polie. La répétition d’un motif ornemental appliqué selon un jeu subtil d’opposition de couleurs entre le vêtement du modèle et le fond sur lequel il se détache évoque la tapisserie et renforce l’inscription bidimensionnelle de sujets pris au piège de la surface plane. Pour Hayv Kahraman, cette figuration en deux dimensions représente la dualité entre la joie et l’agonie, le rêve et le cauchemar. Une dualité qui s’exprime dans les gestes des personnages de Culmination à travers la mise en tension de corps qu’on oblige, de cheveux qu’on étire pour mieux les discipliner…

Entre obédience et soumission, l’artiste s’interroge sur la condition de la femme orientale et déclare « Lorsque l’oppression continue génération après génération, toute remise en question se dissipe peu à peu. Mon attention ne porte pas tant sur les femmes qui ont choisi volontairement le modèle d’une vie domestique, mais plutôt sur celles qui y sont forcées et se sont soumises à cette forme d’esclavage ».

Vérane Pina
 

"Lorsque l’oppression continue génération après génération, toute remise en question se dissipe peu à peu."