Au cœur du travail de Sara Rahbar, la question de l’identité perçue au regard d’une histoire individuelle confrontant la mémoire de son pays d’origine, l’Iran, à celle des Etats-Unis où elle grandit. De sa fuite de Téhéran alors que les événements de la révolution et le commencement de la guerre Iran / Irak l’obligent, encore enfant, à quitter le pays, jusqu’à son arrivée avec sa famille à New-York, l’artiste raconte dans son œuvre la problématique d’une appartenance rattachée à celle d’un territoire donné.
Sur le modèle du drapeau américain, Sara Rahbar appose textiles et matériaux – broderies, rubans, pompons, et autres médailles – issus d’un héritage persan, ou plus largement du Moyen-Orient. Ces matériaux traditionnels collectés au fil de ses voyages entre Téhéran et New-York constituent les éléments essentiels d’une production qui se joue selon un principe de déconstruction / reconstruction. Ici, les bandes du drapeau s’enrichissent d’une matière dense, riche et colorée, tandis que les étoiles représentants les Etats d’Amérique deviennent support d’une écriture calligraphique.
Cette écriture en farsi laisse entrevoir le nom de l’Imam Hussein, martyr considéré comme le descendant du prophète Mahomet et des anciens rois de Perse, qui fut tué au VIIe siècle par la puissante armée des Omeyyades. Symbole suprême dans la lutte contre la tyrannie et l’injustice, l’Imam Hussein fut aussi l’inspirateur de maintes révoltes et révolutions qui ont soulevé le pays. L’évocation de ce nom vénéré à travers les siècles par la communauté musulmane de rite chiite vient se confondre au drapeau américain de Sara Rahbar.
Autant de symboles sacrés – celui d’une confession d’un côté et d’une nation de l’autre - qui se surajoutent dans la dualité d’une composition nouvelle de l’artiste renvoyant en face à face deux pays que tout oppose, l’Iran et les Etats-Unis, et dont les vestiges semblent s’effacer - comme le souligne le titre de l’œuvre - pour laisser place à la vision d’une humanité capable de vivre et de s’unir par delà ses différences.
Vérane Pina
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