Abdulnasser Gharem
The Path

The Path

Lightbox: 70 x 120 cm et vidéo 3’04’’ (extrait)
2007

 

C’est l’histoire d’un pont et d’un village. En 1982, des pluies torrentielles s’abattent sur une vallée située dans la région de Tihama, au sud-ouest de l’Arabie Saoudite. Rapidement, l’inondation menace les villages voisins et les habitants décident de prendre refuge sur un pont construit quelque temps auparavant. Le pont est en béton et les villageois choissent en toute confiance de s’en remettre à la fiabilité de cette construction. Ils placent leur foi dans le béton. Ils stockent là leur véhicule et leurs vivres et attendent. L’inondation arrive et emporte avec elle le pont et les villageois.

De cette histoire tragique naît le projet The Path d’Abdulnasser Gharem. En août 2007, l’artiste investit le pont encore abandonné à l’état de ruine. Avec une équipe d’assistants, il recouvre à la bombe la structure effondrée de ces quelques mots en arabe, « Al Siraat » qui signifie « le chemin » ou encore « la voie ». L’écriture reproduite quelques milliers de fois sur la surface fissurée tient lieu de performance elle-même documentée en vidéo, tandis que la photographie présente l’infrastructure transformée par l’artiste comme une nouvelle installation in situ. Le projet rappelle à la mémoire des habitants disparus dont le sort s’est tristement uni à celui d’un pont de béton dans lequel des villageois avaient placé leur confiance. Révélant un certain rapport au monde et à la technique, l’artiste questionne les fondements même de nos choix, ou comment nos systèmes de valeurs ont pu placer la prouesse constructive au-delà de toute croyance religieuse.

Vérane Pina
 

"Le projet rappelle à la mémoire des habitants disparus dont le sort s’est tristement uni à celui d’un pont de béton dans lequel des villageois avaient placé leur confiance."