Mouna Karray
Un objet sur le rivage

Un objet sur le rivage

Installation sonore, 3’ 55’’ (extrait)
2008

 

L’artiste a trouvé l’objet par hasard… Malgré le temps, la bande est encore lisible… On entend des chants coraniques, un mélange de sons non identifiés et de musiques…, un dialogue, des mots : « ça tourne ça tourne, pas de bruit »…
Sur le rivage, les recherches se poursuivent…

Ce texte accompagne la pièce sonore de Mouna Karray et la désigne comme objet trouvé, vestige à l'origine mystérieuse. L'artiste endosse le rôle du passeur, celui qui offre la découverte, la révélation, qui reste en retrait pour assurer la transmission et permettre le travail de mémoire. Symboliquement, la mer est en effet ce qui éloigne, ensevelit, elle est une image de l'oubli. Le rivage renvoie à la frontière, à l'ailleurs, à l'au-delà, il est le lieu de la perte comme de l'apparition.

L'enregistrement du son entretient avec le réel un rapport indiciel, similaire à celui de la photographie. Supports de captation plutôt que de représentation, tous deux témoignent d'un moment et génèrent un espace. Comme un palimpseste, la matière sonore comporte ici deux strates. Au premier plan, bien distincte, une récitation psalmodiée du Coran sera interrompue par des événements bruts, inattendus: un chien aboie, un objet tombe, une voiture passe dehors, des oiseaux chantent, puis la radio. Et, en écho à la quête du spectateur-auditeur, devenu chercheur de trésor, une voix sur la bande s'interroge, tâtonne.

Ces incursions réciproques, entre le religieux et le profane, l'individu et son environnement, l'intérieur et l'extérieur, restituent, comme un instantané photographique, un quotidien étranger et pourtant proche. Elles cartographient l'expérience humaine, plurielle, fragmentée, entre présent et passé, intention et accident, récit et silence.

Irène Burkel
 

L’artiste a trouvé l’objet par hasard… Malgré le temps, la bande est encore lisible…