mounir fatmi
Save Manhattan 03

Save Manhattan 03

Haut-parleurs, système sonore, sons (réel et fictifs), lumière et ombre portée,
500 x 250 x 100 cm
2007

Save Manhattan 03

Détail

Save Manhattan 03

Détail

Save Manhattan 03

Bande sonore de l'installation

 

Chicago, Kuala Lumpur, Dubaï… dans le monde entier, des villes se constituent autour d’une vision moderniste poussée à son extrême limite, mettant en scène des gratte-ciels de plus en plus spectaculaires dans le paysage urbain. La skyline, ligne d’horizon artificielle typique des grandes mégalopoles contemporaines, assure la renommée de ces villes, leur image de marque. L’architecture pratiquée de cette manière s’apparente à une démonstration de force, une représentation de pouvoir.

mounir fatmi utilise l’ancrage profond dans l’inconscient collectif du plus célèbre de tous ces panoramas urbains. Save Manhattan 03 [1]  fonctionne sur un principe d’apparition : la skyline de New York, avant le 11 septembre 2001, est dessinée en ombre portée, projetée sur le mur, grâce à l’assemblage spatialisé de quatre-vingt-dix haut-parleurs de formes et de tailles différentes. Ils diffusent dans l’espace d’exposition une ambiance sonore citadine et ajoutent la présence d’une activité effrénée à l’aspect visuel minimal. Dans cette composition bruyante, on devine des décollages aéronautiques, des transmissions radio, des sirènes et autres klaxons, issus de sons réels mais aussi d’emprunt à des films d’actions. La mémoire du spectateur est inévitablement sollicitée. L’atmosphère de cette installation, pourvue d’une haute intensité dramaturgique, oscille étrangement entre fiction et réalité, actualisant la sensation vécue par des millions de personnes le jour de la catastrophe new-yorkaise. 

Comme on parle de membre fantôme pour un corps estropié continuant à percevoir la présence de sa partie manquante, mounir fatmi compose par de ce dispositif une image fantôme de Manhattan. La silhouette des tours jumelles n’apparaît que pour mieux en rappeler l’absence, de manière lancinante et nostalgique. Ainsi, l’installation aligne en une même perspective une vision héroïque symbolique de la modernité et le souvenir de sa destruction. La sensation de l’extrême vulnérabilité des symboles ostentatoires ne peut alors manquer de nous saisir.

Marion Guilmot

  Cette œuvre fait suite à deux installations Save Manhattan 01 en 2003-04 puis Save Manhattan 02 en 2005, respectivement composées de livres et de cassettes VHS empilés.
 

L’atmosphère de cette installation, pourvue d’une haute intensité dramaturgique, oscille étrangement entre fiction et réalité, actualisant la sensation vécue par des millions de personnes le jour de la catastrophe new-yorkaise.