Driss Ouadahi
To The Ground, Neighbourhood

To the Ground

Huile sur toile, 175 x 220 cm, 2007

Neighbourhood

Huile sur toile, 190 x 240 cm, 2006

 

Driss Ouadahi choisi par la peinture, de nous confronter aux carcasses des tours et des grands ensembles gisants aux périphéries d’Alger et de Paris. Symptomatiques des idéaux perdues, les habitats sociaux des années soixante et soixante-dix sont aujourd’hui le reflet des succès et des ratés des utopies modernistes. L’épreuve du temps et du réel ont finalement discrédité les notions même de progrès, d’hygiénisme, ainsi que tout désir de « machine à vivre ». Mais alors, que fait-on des habitants de ces arrogantes constructions ? Où se cachent-ils désormais?

L’architecture affecte nos sens, nos comportements, allant parfois jusqu’à mener à la violence. Mais les peintures de Ouadahi ne dénoncent pas, elles invitent davantage à montrer l’essence de ces ensembles.

Neighbourhood et To the Ground sont composées d’une combinaison de fenêtres identiques et d’une même structure architecturale. Cependant, ces toiles parviennent à faire cohabiter étroitesse et espace, vide et abondance, monotonie et diversité. L’application de sa peinture est à la fois emphatique et sensuelle, se détournant de manière subtile de l’implacable uniformité induite par le choix de son sujet. Le contexte normatif et ce qui s’apparente de prime abord à un monochrome blanchâtre, provoquent une sensation de claustrophobie. Étrangement, cette sensation s’accompagne d’un vertige ; le sol se dérobe sous nos pieds. Neighbourhood et To the Ground rappellent également la partie surveillée du dispositif panoptique (le bâtiment en anneau divisé en cellules percées de larges fenêtres), soulignant l’aspect carcéral appliqué à de telles constructions. L'artiste ne prend pas position, et n’énonce aucune critique contre ce type d’architecture, ni même contre les échecs et l’incapacité des gouvernements. Il préfère inviter les spectateurs à inscrire leur propre imaginaire, fait de leurs expériences, sensations et réflexions. 

Diana Wiegersma.

Les toiles de Ouadahi parviennent à faire cohabiter étroitesse et espace, vide et abondance, monotonie et diversité.