Leila Pazooki
The Aesthetic of Censorship

The Aesthetic of Censorship
(Détail)
Installation composée de photographies encadrées, vitrines, pièce sonore, dimensions variable. 
2009

The Aesthetic of Censorship
(Détail)
Installation composée de photographies encadrées, vitrines, pièce sonore, dimensions variable. 
2009

 

The Aesthetic of Censorship
(Détail)
Installation composée de photographies encadrées, vitrines, pièce sonore, dimensions variable. 
2009

The Aesthetic of Censorship
(Détail)
Installation composée de photographies encadrées, vitrines, pièce sonore, dimensions variable. 
2009

The Aesthetic of Censorship
(Détail)
Installation composée de photographies encadrées, vitrines, pièce sonore, dimensions variable. 
2009

The Aesthetic of Censorship
(Détail)
Installation composée de photographies encadrées, vitrines, pièce sonore, dimensions variable. 
2009

The Aesthetic of Censorship
(Détail)
Installation composée de photographies encadrées, vitrines, pièce sonore, dimensions variable. 
2009

The Aesthetic of Censorship
(Détail)
Installation composée de photographies encadrées, vitrines, pièce sonore, dimensions variable. 
2009

The Aesthetic of Censorship
(Détail)
Installation composée de photographies encadrées, vitrines, pièce sonore, dimensions variable. 
2009

The Aesthetic of Censorship
(Détail)
Installation composée de photographies encadrées, vitrines, pièce sonore, dimensions variable. 
2009

 

Avec ce titre en forme d'oxymore, Leila Pazooki annonce le caractère conjointement artistique et sociologique de son projet et de son regard. Une intervention iconoclaste peut-elle avoir une valeur plastique ? Où se trouve la beauté quand la logique de la censure est de dissimuler, de soustraire, quand historiquement, son usage par l'autorité alla à l'encontre de la liberté de pensée et de création ? On pense à Trotski, disparu des photos officielles du régime stalinien, ou aux nus de la Chapelle Sixtine peints par Michel-Ange, voilés jusqu'aux années 1980.

A l'inverse de l'interdit strict, la retouche vise à rendre acceptable, tolérable, l'image taboue pour lui permettre d'être vue. C'est cet objectif ambigu qui anime les auteurs des images présentées. L'oeuvre consiste en effet en de nombreuses reproductions d'oeuvres d'art occidentales, extraites d'ouvrages de la bibliothèque de l'Ecole des Beaux-Arts de Téhéran, où Leila Pazooki a étudié la peinture. C'est entre 2004 et 2008, lors de séjours dans sa ville natale, qu'elle a secrètement collecté ces images, parmi lesquelles une Nymphe à la Source de Lucas Cranach l'Ancien, Olympia d'Edouard Manet, ou encore Le Violon d'Ingres de Man Ray. La censure y est parfois brutale, ou maladroite quand des aplats translucides de gouache colorée rendent plus évidents et désirables les éléments "gênants" de l'oeuvre.

Qu'elle s'exerce à l'égard d'images journalistiques ou artistiques, la censure est un marqueur des valeurs, des aspirations et des interdits d'une société. En donnant la parole à un censeur habilité, pour la pièce sonore qui accompagne les photographies, Leila Pazooki expose les motivations idéologiques, mais aussi les choix esthétiques et techniques qui guident ces "reprises" subjectives.

Et en effet, le déplacement de ces images trouvées brouille leur statut, pour interroger la doctrine de l'originalité en art et les conventions muséales. Eloignés de leur contexte politique et religieux, ces documents deviennent iconiques lorsque l'artiste les monte dans des cadres anciens en bois doré [1] . Apparaît alors le caractère artisanal, unique et singulier de ces images mille fois reproduites, comme si le geste n'était plus destructeur mais créateur.

Irène Burkel.
 

 [1] On pense au geste radical de Robert Rauschenberg, qui réalise en 1953 Erased de Kooning Drawing en effaçant un dessin de Willem de Kooning. Pour accompagner cette appropriation-hommage, Rauschenberg inscrit à la main le titre de l'oeuvre, qu'il monte dans un cadre doré à la feuille.

Une intervention iconoclaste peut-elle avoir une valeur plastique ?