Youssef Nabil
Self Portrait with Roots, Los Angeles

Self-Portrait with Roots
Tirage argentique peint à la main, 40 x 27 cm
2008

 

D’une itinérance loin du Caire, sa ville natale à laquelle il reste profondément attaché, Youssef Nabil conserve la mémoire d’instants préservés dans des autoportraits qui apparaissent comme les pages d’un roman-photo. A travers des paysages de cartes postales, l’artiste se met en scène pour raconter une histoire, son histoire, devenant le protagoniste d’un scénario déjà écrit, et dont le moment inscrit sur la pellicule vient retenir le cours d’un destin irrémédiablement lié à sa fin. Au fil d’une existence fragmentée qui se déroulerait aux yeux du spectateur, Youssef Nabil évoque ces villes qu’il traverse comme autant d’espaces indéterminés et dont seule la mention du titre permet de les situer.

Ainsi, Self-Portait with Roots, Los Angeles garde la mémoire de sa présence dans la ville californienne et d’un vieil arbre situé à quelques pas de son hôtel. Au delà de l’anecdote autobiographique, l’artiste dévoile certaines questions existentielles qui animent son œuvre : celle de l’exil notamment, qui semble l’entrainer vers un ailleurs indéfini, et celle de l’impermanence d’une existence qui souhaiterait s’accomplir hors du temps.

Tirage argentique en noir et blanc qu’il a peint à la main pour y apporter cette couleur presque irréelle, Self-Portait with Roots, Los Angeles présente l’autoportrait de l’artiste, dont le corps dénudé, lové au creux d’un arbre, repose dans un sommeil qui semble flirter avec la mort. A la frontière entre photographie et peinture, Youssef Nabil manifeste son attachement à sa terre, symbolisé par les racines, semble-t-il infinies, de l’arbre auprès duquel il vient se recueillir. Témoignage nostalgique du lien étroit qu’il garde avec l’Egypte, son œuvre transcende les notions d’espace et de temps pour évoquer le cours d’une existence nomade magnifiée pour l’éternité.

Vérane Pina

J’ai commencé à observer ma vie comme si j’étais au cinéma... à regarder et à être le témoin de chacune des minutes de mon propre film Le film a été réalisé et écrit avant que je ne rentre dans la salle de projection, et maintenant il est seulement temps de s’asseoir et de regarder. Youssef Nabil – Alexandria 31, 2007