Larissa Sansour
A Space Exodus

A Space Exodus

Vidéo, 5'24" (extrait)
2009

 

Dans A Space Exodus, Larissa Sansour réactive des scènes du film culte 2001, L’Odyssée de l’Espace (1968) de Stanley Kubrick ainsi que des séquences du premier alunissage américain diffusées massivement à la télévision (1969). Universalisme, notion de progrès technologique et humain, démonstration de puissance des états : les enjeux héroïques, stratégiques mais souvent contradictoires, portés par les productions visuelles des années 60 liées à la conquête de l’espace sont détournés par l’artiste pour parler du monde contemporain. Par le remake, l’artiste les fait glisser du contexte de la Guerre Froide de cette époque vers des problématiques du Moyen Orient d’aujourd’hui.

Dans la vidéo de Larissa Sansour, le poème symphonique Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss, utilisé dans la bande-son originale du film de Stanley Kubrick, est remixé avec des accents orientaux. Le drapeau planté sur le sol lunaire est celui du peuple palestinien et la célèbre phrase de l’astronaute américain Neil Armstrong est transformée en «un petit pas pour un Palestinien, un pas de géant pour l’humanité». Le ton ironique voire humoristique, lié au pastiche et au détournement, est contrebalancé par l’aspect nostalgique du titre, Un exode spatial, évoquant en creux l’impossibilité du peuple palestinien à établir un état propre. La lune serait-elle le seul espace possible pour un peuple en mal de territoire ?

Plutôt que de montrer une réalité violente et des images de conflits, l’artiste fait un surprenant détour par l’intermédiaire de la fiction pour évoquer le contexte politique israélo-palestinien. Elle semble alors ébaucher une invitation symbolique à la prise de distance par le voyage et la narration, à jouer de l’imaginaire pour réinventer une réalité apparemment sans issue. 

Marion Guilmot 

Un petit pas pour un Palestinien, un pas de géant pour l’humanité.