Reza Aramesh
Action 103

Action 103: Ville de Ramdi, à l’ouest de Bagdad : un Irakien provisoirement détenu est assis face à un mur pendant que la police spéciale irakienne, connue sous le nom de « brigade des loups » fouille sa maison, 27 février 2006.
Bois (tilleul) polychrome, verre et marqueterie. Hauteur de la sculpture 66 cm
2011.

 

Action 103: Ville de Ramdi, à l’ouest de Bagdad : un Irakien provisoirement détenu est assis face à un mur pendant que la police spéciale irakienne, connue sous le nom de « brigade des loups » fouille sa maison, 27 février 2006.
Détail.

Action 103: Ville de Ramdi, à l’ouest de Bagdad : un Irakien provisoirement détenu est assis face à un mur pendant que la police spéciale irakienne, connue sous le nom de « brigade des loups » fouille sa maison, 27 février 2006.
Détail.

 

L’œuvre de Reza Aramesh trouve sa source dans les images de conflits, de guerres et de prises d’otages telles que l’actualité en produit quotidiennement. De ces représentations médiatisées où s’expriment avec force les antagonismes, les passions et les drames, naît un corpus de gestes et de postures constituant les motifs de l’œuvre tour à tour photographique et sculpturale de l’artiste iranien. Sous forme de tableaux vivants photographiés ou de sculptures en bois, Reza Aramesh élabore des reprises de ces images collectées dans la presse du monde entier. Il les nomme des « Actions », soulignant si besoin la dimension performative de cette démarche.

La sculpture en bois peint  Action 103  trouve son origine dans l’arrestation d’un civil irakien par les forces spéciales de police de son pays, en février 2006. Tourné face contre mur, le jeune homme maintient les bras sur la tête, dans une pose ambiguë, faite de peur autant que de résignation. Vulnérable et abandonné, comme appelé par un au-delà, la figure qui se dessine dans cette posture et dans ce visage porte en elle une dimension religieuse. S’inspirant de l’iconographie du 17e siècle, de la statuaire du Siècle d’or espagnol, de la représentation des saints ou des martyrs, l’artiste isole son sujet de tous les éléments extérieurs afin d’en concentrer l’effet. Disparaissent ainsi les armes, et autres signes témoignant de la violence de la scène. De cette « décontextualisation » naît une figure archétypale, figée dans une pose qui semble atemporelle. Seuls les vêtements et quelques indices physiques constituent des signes permettant de situer très sommairement la situation.

Cette sculpture, qui fait partie d’une série réalisée en Italie dans un atelier familial spécialisé dans la statuaire d’église, fut taillée dans un bloc de bois unique avec des outils et du matériel traditionnels. Surélevant légèrement cette figure hyperréaliste, un socle en marqueterie, fabriquée quand à lui au Royaume-Uni, reprend un motif géométrique complexe, évoquant les sols ornementés de la tradition islamique. 

Vulnérable et abandonné, comme appelé par un au-delà, la figure qui se dessine dans cette posture et dans ce visage porte en elle une dimension religieuse.