Reza Aramesh
Between the Eye and the Object Falls a Shadow…

Action 64: Vietcong Prisoner Gagged and Blindfolded. November 26th, 1965

Tirage argentique noir et blanc, 158 x 124 cm
2009

Action 44: Baghdad September 10th, 2004

Tirage argentique noir et blanc, 124 x 157 cm
2009

Action 45: Execution of a Vietcong prisoner on the streets of Saigon, 1968

Tirage argentique noir et blanc, 124 x 171 cm
2008

 

La série de photographies de Reza Aramesh, intitulée Between the Eye and the Object Falls a Shadow… (Provenant du texte de 1984 du Burroughs File de William S. Burroughs), est largement influencée par la peinture classique et ce sont surtout les Désastres de la Guerre (1810-1820) de Francisco de Goya qui vont inspirer Reza Aramesh. Il se détourne du récit de guerre et choisit de décontextualiser les actes d’agressions. En effet, les mises en scène d’Aramesh sont capturées en intérieur, dans de somptueux musées et manoirs historiques tels que la Cliveden House, la Wallace Collection et la Kenwood House. L’idée que l’argent et les intérêts financiers soient fondamentalement liés aux guerres, sous-tend toute la série.

Les photographies d’Aramesh partent d’images de guerres, de conflits et de leurs conséquences aux Moyen-Orient et au Vietnam de 1960 à aujourd’hui. Il sélectionne et compile des images qu’il trouve dans les journaux et sur Internet ainsi qu’auprès d’agences. Les mises en scène qui en découlent (appelées « actions ») sont saisies en noir et blanc, et reconstituent des scènes dramatiques, réunissant des acteurs non professionnels choisies dans une tranche d’âge proche de celle de l’artiste et provenant d’un groupe ethnique ayant récemment subit un conflit armée.

Il n’y a jamais d’interaction entre les personnages, aucun échange de regards ; leur seul lien est leur implication dans un même scenario. Il n’y a aucune arme, aucun instrument de torture, et aucune marque de confinement ; les images ne témoignent d’aucune agression, mais on observe des individus, habités par leurs gestes d’oppresseurs et d’oppressés. Tous vêtus simplement sans signes distinctifs, Aramesh suggère que nous sommes tous potentiellement des victimes et des bourreaux.

Les « gardes » ne porte pas d’arme, et les « captifs » n’ont pas les yeux bandés ; un décalage s’opère alors inéluctablement entre le titre (directement tiré de l’image originale trouvée dans la presse) et la photographie.

Pourtant, les visages sont graves, parfois implorants, ils semblent déjà ailleurs. Ces nouveaux martyrs deviennent instantanément d’une beauté classique.  

« Les photographies d’Aramesh partent d’images de guerres, de conflits et de leurs conséquences aux Moyen-Orient et au Vietnam de 1960 à aujourd’hui. »