Mahmoud Bakhshi
Tulips Rise from the Blood of the Nation's Youth

Tulips Rise from the Blood of the Nation’s Youth. (Série Industrial Revolution)

Ensemble de 8 sculptures en néon, fer-blanc, bois, plastique, moteur électrique, 135 x 35 x 30 cm

Tulips Rise from the Blood of the Nation’s Youth. (Série Industrial Revolution)

Ensemble de 8 sculptures en néon, fer-blanc, bois, plastique, moteur électrique, 135 x 35 x 30 cm

Tulips Rise from the Blood of the Nation’s Youth. (Série Industrial Revolution)

Ensemble de 8 sculptures en néon, fer-blanc, bois, plastique, moteur électrique, 135 x 35 x 30 cm

 

L’installation de Mahmoud Bakhshi offre une variante pauvre et ironique de l’emblème de la République islamique. Signe calligraphique stylisé pour le mot Allah, assemblage de quatre croissants et d’une épée, il est le motif central du drapeau national.

L’artiste réagit ici à l’instrumentalisation, linguistique comme iconographique, de la figure du martyr par le pouvoir iranien. A Téhéran, noms de rues et peintures murales rendent hommage aux combattants morts au cours de la guerre contre l’Irak. Le chant patriotique qui donne son titre à l’œuvre exalte le sang répandu pour le pays, associé dans la mythologie persane à une floraison de tulipes [1].

La multiplication du même objet et le choix du néon font écho à cette omniprésence. Les huit sculptures diffusent une lumière rouge, envahissante, à la fois somptueuse et dramatique. De plus, ces candélabres-tulipes juchés sur un piédestal en fer-blanc peuvent être actionnés par le spectateur : leur mouvement tournant devient alors quasi-hypnotique, comme pour parodier la ritournelle lancinante de la propagande.

Ces machines fragiles et précaires, dont les matériaux industriels renvoient au quotidien, sont aussi des « contre-monuments ». Il s’agit de démythifier la rhétorique du régime, qui glorifie « ses » martyrs mais passe sous silence l’exécution de milliers d’opposants. Si dans l’espace public d’imposantes sculptures relaient cette lecture officielle de l’histoire récente du pays, ces « colonnes de Persépolis bon marché » la déconstruisent et l’actualisent.

Irène Burkel 

[1] Cet hymne date de la révolution constitutionnelle de 1905, moment où une bande rouge est incorporée au drapeau national. En vertu de la codification officielle adoptée alors, elle symbolise le sang des martyrs.

Ces candélabres-tulipes juchés sur un piédestal en fer-blanc peuvent être actionnés par le spectateur : leur mouvement tournant devient alors quasi-hypnotique, comme pour parodier la ritournelle lancinante de la propagande.