Drapée de noir, une femme surgit dans un paysage désertique traversé d’une brise légère; camouflée par la superposition de ses vêtements richement brodés et par le jeu de lumière sur son voile, elle demeure inidentifiable, sur une terre stérile. Elle entre par le côté droit du cadre, effaçant au fur et à mesure à l'aide d'un balais les traces qu'elle laisse derrière elle. Ses empreintes sont ses traits, ses traces son histoire et ses coups de balais dessinent son destin.
Ce vêtement féminin suggère une identité ethnique, une conformité sociale qui peut être celle propre à une region ou à un peuple. Il determine les limites d'un territoire ; l’autorité d'une frontière, celle d’un paysage désertique qui semble sans limite. Balayant tant ses mouvements futurs que ceux qui les ont précédés, Sama Alshaibi n'aurait pu, par cet être emprunt de solitude, décrire un destin plus emblématique. En definitive, l’artiste montre que l'histoire est effacée seulement pour être répétée et non pour que s'en dégage un sens ou des vérités.
Elle efface son passé, et marche sur les empreintes dissipées par son balai chargé de vaines promesses.
Sweep est présenté dans une boite noire, une fenêtre de surveillance examinant, surveillant et supervisant le travail d'effacement. Observer ce corps en mouvement, dans un paysage immuable, donne la sensation que finalement rien ne peut s'y developer, que rien ne peut vraiment changer, seul l'effacement des traces et les variations de direction sont autant de moments qui passent et qu'on oublie. Qu'on oublie par choix et par désir. Le passé s'éteint tranquillement, irrésolu, et l'héroïne s'en va par le même chemin qui l'a vue apparaître.
Aida Eltorie
Traduit par Michael Verger-Laurent
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