Entre monde objectif et subjectif, Ahmed Mater rassemble références scientifiques, images radiographiques et symboles religieux pour révéler l’essence d’une humanité mise en lumière dans la série Illumination débutée en 2003.
S’inspirant de l’enluminure de textes religieux, l’artiste saoudien prépare son papier selon une technique ancestrale qui, d’après une parfaite alchimie - savant mélange de jus de grenade et de thé - confère au support une extraordinaire luminosité. Il utilise également les éléments caractéristiques de l’art islamique : dessins géométriques et arabesques que l’on retrouve dans le Coran à la fin du Moyen-Age en Egypte et Syrie.
Reprenant le modèle des premières pages du livre sacré, il emploie la forme du diptyque dans la pièce Illumination XI & XII (2010) selon le principe traditionnel d’une composition symétrique. En lieu et place de formes abstraites, deux vues radiographiques de torses humains - une femme d’un côté et un homme de l’autre - sont présentées en face à face, dans une relation de dialogue et d’opposition.
Contournant l’interdit de la figuration strictement appliqué pour le Coran et qui a lui-même favorisé l’émergence des arts de la calligraphie et de l’ornementation islamiques, Ahmed Mater dévoile au contraire le corps humain saisi par l’image radiographique dans la présentation la plus essentielle de son squelette. Au-delà du rayonnement électromagnétique qui vient révéler le corps humain, l’artiste conçoit son travail comme l’expression objective d’une intériorité magnifiée par la lumière qu’il souhaite apporter au monde et qui est sans aucun doute le dénominateur commun de toute religion.
Vérane Pina
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