Faisal Samra
Distorted Reality

Performance #19, 2007

Triptyque, tirages Lambda, 100 x 133 cm chacune
2007

Performance #44, 2008

Triptyque, tirages Lambda, 120 x 160 cm chacune
2008

 

En réponse à l’envahissement d’images médiatiques dans l’espace public et la sphère privée, Faisal Samra dénonce l’emprise des mass-médias dont la promotion de produits ou d’idées participe à la création d’une réalité faussée. Avec le projet Distorted Reality, l’artiste entend lever le voile sur ces images fabriquées en produisant une œuvre définie comme système de défense face à la l’oppression des messages publicitaires.

Le projet débuté en 2005 se développe selon un ensemble de performances documenté en photographie et vidéo. Chaque performance constitue une séquence d’actions improvisées, succession de faux départs et d’hésitations, qui s’articulent sans scénario préconçu. Faisal Samra, dont le visage se dérobe au regard, se contorsionne dans des postures complexes qui manifestent une tension dramatique. Le corps devient la toile d’une composition rythmée dont les signes s’accumulent et s’entrechoquent.

D’après une composition en triptyque – modèle récurrent en référence à la peinture de Bacon, Performance #19 présente l’artiste masqué et dissimulé dans un mélange foisonnant de tissus et foulards aux motifs colorés. Brandissant un perroquet dont l’exotisme semble destiné au sacrifice, l’artiste exprime dans un geste théâtral la violence qui sous-tend la rencontre de cultures et de traditions réunies selon un principe de domination plus que de fusion.

La question sacrificielle se retrouve également dans Performance #44 (2008) qui contraste fortement par la mise en scène tragique d’une femme entièrement voilée tenant un agneau empaqueté dans un tissu sur lequel figure en lettres arabe le mot « viande ». Référence au sacrifice El al-Adha célébré par les musulmans, l’œuvre semble magnifier un système de soumission. A travers la production de photographies et vidéos, Distorted Reality expose ainsi une réalité mise à nue dans des images léchées qui utilisent les mêmes codes que les mass-médias pour mieux les déjouer.

Vérane Pina. 

"L’artiste exprime dans un geste théâtral la violence qui sous-tend la rencontre de cultures et de traditions réunies selon un principe de domination plus que de fusion."