Mahmoud Bakhshi

Par le déplacement de signes symboliques et normatifs traversant la société iranienne, Mahmoud Bakhshi élabore une œuvre subversive à l’encontre de la rhétorique officielle. L’humour est un élément essentiel de son travail, qui lui permet de pointer les contradictions, voire l’irrationalité qu’il observe dans son environnement.Diplômé en sculpture de l’Université de Beaux-Arts de Téhéran, ce jeune artiste né en 1977 explore des mediums divers : sculpture, installation, mais aussi photographie ou vidéo. Il s’agit de traduire librement la pensée, le plus efficacement possible. Sa discipline « d’origine » innerve pourtant constamment son travail, fait de transpositions, d’assemblages ou d’accumulations.

Verdicts of Looking (2008) met en scène, dans un espace sombre illuminé de l’éclat intermittent d’une boule à facettes, plusieurs mannequins revêtus du hidjab. Leurs yeux de plastique sont évidés et on peut y voir des vidéos pornographiques. L’artiste confronte pudeur imposée dans l’espace public et usage grandissant des téléphones mobiles pour filmer l’intimité. Pour Air Pollution of Iran (2004-2006), l’artiste encadre huit drapeaux iraniens aux couleurs passées, tachés par la pollution atmosphérique de la capitale. Renvoyant aux huit années de guerre contre l’Irak, ils invitent au parallèle entre la pollution de l’air et la violence, les assassinats politiques ou encore la corruption que le régime tente d’occulter.

Depuis une dizaine d’années, son œuvre a fait l’objet d’expositions personnelles ou collectives à Téhéran, où il est né et réside toujours, mais aussi à l’étranger. Il a notamment exposé à Londres, au Barbican Centre, au Royal College of Art et à la Saatchi Gallery, à Athènes pour l’exposition « Lion under the Rainbow ». Il a par ailleurs participé en 2004 à la 11ème Biennale de Dacca et en 2010 à la 4e Triennale d’Auckland.Artiste en résidence de la Delfina Foundation en 2010, il a remporté la même année le prestigieux « Magic of Persia Contemporary Art Prize ».